Hugues du Puiset et Puiseaux



Hugues du PUISET et de PUISEAUX

Article République du Centre de l’abbé Michel Gand (avant 1963)

Nos premiers rois Capétiens eurent fort à faire pour assurer la paix dans leur petit domaine ; à quelques kilomètres de Janville, il y avait un château féodal qui fut pour Henri Ier et Louis VI une cause d’ennuis.
Lorsque Henri Ier, petit-fils de Hugues Capet fut proclamé roi, sa mère Constance, qui ne l’aimait guère et lui préférait son frère cadet Robert, duc de Bourgogne, lui suscita des ennuis et prit la tête d’une révolte où entrèrent les comtes de Champagne et de Bourgogne ainsi que les seigneurs de Sens, Melun, du Puiset. Le roi dut demander aide au duc de Normandie (en bons termes avec les Capétiens depuis son installation en France). Ce fut l’occasion pour ses anciens pirates d’actes de violence ; mais en Beauce le seigneur du Puiset, Hugues, se permettait des actes de violence peu dignes d’un homme ne respectant ni les maisons, ni les églises, ni même les vies humaines (il fit mourir de nombreux paysans beaucerons et leur famille).
Avec l’aide des Normands, le roi réussit à se rendre maître du Puiselet et à enfermer Hugues dans la prison de Château-Landon d’où il réussit à s’enfuir, mais repris il fut condamné à mort. En 1031 la révolte était apaisée.
Le petit-fils de Henri Ier, le roi Louis VI le Gros, n’était guère plus puissant que ses ancêtres car entre Paris et Etampes il y avait le comté de Corbeille dont les comtes, toujours mutins, ne pensaient qu’à causer des ennuis au roi ; de même entre Etampes et Orléans, il y avait le fort du Puiset où le seigneur Hugues pensait comme son aïeul, plus à piller la Beauce qu’à administrer sagement ses domaines. Le roi d’Angleterre, en brouille avec le roi de France à propos de la Normandie suscita une révolte des seigneurs Francs.
Louis VI, sans hésiter, s’empara de Mantes, Montlhéry, Corbeil et le Puiset ; mais le comte de Blois voulut revendiquer cette place et y mettre une garnison, ce que le roi refusa, cette place appartenant au comté de France. Ce fut l’occasion d’une nouvelle révolte. Le comte de Blois, ayant réussi à fortifier cette place, une sanglante bataille s’y livra entre l’armée royale aidée du comte de Flandre et les rebelles beaucoup plus nombreux. Le roi, très courageux, mit pied à terre pour mieux combattre, mais il fut surpris et dut emprunter un cheval pour fuir, laissant son armée en désordre, il se réfugia à Toury, le reste de son armée se réfugiant à Orléans.
Les révoltés s’avancèrent pour assiéger Toury, mais l’armée royale s’étant regroupée et ayant reçu des renforts, ils se retirèrent. Tenace, le roi revint mettre le siège devant le Puiset ; il se livra de nouveau une bataille sanglante où le roi de nouveau, fut vaincu ; mais le comte de Vermandois, de la famille royale, réussit à blesser le comte de Blois qui demanda une trêve, que Louis VI, magnanime, accorda, pour lui permettre de se faire transporter à Chartres. Le siège reprit et cette fois, la place fut prise, le chef manquant. Le Puiset fut rasé jusque dans ses fondements et il ne fut plus question des pirateries du seigneur du Puiset dans la Beauce. Par précaution, le roi fit construire une forteresse à Janville et il y mit une garnison.
Pour remercier Dieu de cette victoire, le roi décida la construction d’une église à Puiseaux, dédiée à Notre Dame en 1108 et en 1112, il fonda à Puiseaux un monastère avec douze religieux chanoines de Saint Quentin-les-Beauvais. Est-ce par analogie que le roi choisit Puiseaux : en latin, les mots sont les mêmes (Puteolis-castro pour le Puiset et Puetolis-villa pour Puiseaux). C’est également après 1108 que fut fondé par le roi le Prieuré de Saint-Pierre, près de Pithiviers.
Peut-être eût-il été préférable qu’il n’y ait pas eu de guerre, mais les hommes sont toujours durs de nature et les Francs de cette époque avaient gardé un esprit d’indépendance qui retarda considérablement l’évolution des mœurs et l’apaisement de la France.