Inventaire après décès 16 avril 1822



Inventaire après décès 16 avril 1822
De la femme Legueille

L'an mil huit cent vingt deux le seize avril, neuf heures du matin en une maison située à Böesses, où le vingt février dernier est décédée Françoise Barbe Guénin, épouse de Rock Joseph Legueille cy-après nommé avec lequel elle a eu un enfant.
A la requête dudit Rock Joseph Legueille, vigneron demeurant à Boësses en la maison sus désignée stipulant
1° ) En son nom personnel à cause de la communauté de biens qui a existé entre lui et la dite Françoise Barbe Guénin, sa défunte femme aux termes de leur contrat de mariage reçu par le notaire soussigné le seize février 1816 enregistré.
2° ) Et comme tuteur légal de Rock Joseph son fils mineur et de la dite défunte sa femme.
Et en présence de Sieur Alexandre Tazé, vigneron demeurant audit Boësses, oncle utérin dudit mineur et son subrogé tuteur, nommé à citer fonction suivant délibération du conseil de famille dudit mineur reçue et présidée par Monsieur le Juge de paix du canton de Puiseaux, le neuf de ce mois et enregistré le onze.
Le dit mineur Legueille habite à sa porte seul et unique héritier de la dite Guénin sa mère, à  la conservation des droits des parties et de tous autres qu'il appartiendra.
Il va être par Monsieur Louis Maurice Bonneau, notaire à Puiseaux chef lieu de canton, arrondissement de Pithiviers, département du Loiret, en présence des témoins cy-après nommés, tous soussignés, procédé à l'inventaire des biens de toute nature, argent comptant, dettes actives et passives, titres papiers et autres renseignements dépendant de la communauté des dits Sieur et Dame Legueille et de la succession de cette dernière.
Attendu la modicité des objets mobiliers, la prisée de ceux qui sont susceptibles de l'être sera faite par le notaire soussigné sur l'invitation des parties. Les objets cy-après inventoriés vont être représentés par le dit Legueille père.
Lecture faite de ce que dessus, en présence de Léonard Bureau, homme de confiance et de Monsieur Etienne René Descourtilz, propriétaire demeurant audit Boësses. Les parties ont signé sous la réserve de leurs droits respectifs avec le notaire et les témoins.
Aussi signé en cet endroit de la minute Rock Joseph Legueille, Tazé, Descourtilz, Bureau et Bonneau notaire.
Et de suite il a été procédé audit inventaire comme il suit :
Dans une chambre étant entre le fournil et la principale chambre d'habitation occupée par la Veuve Legueille mère.
Une pelle, une pincette, deux chenêts une barre et une crémaillère le tout de fer, un soufflet, le tout estimé six francs.
Une lampe de potin, un saloire de bois, un égrugeoir, une petite poivrière de fer blanc, un chandelier de fer, deux petites cruches en grès, un équerre, le tout prisé deux francs.
Deux poêles à frire, un poêlon et une cuiller de cuivre jaune, deux grandes cuillers dont une en fer et l'autre en fer blanc, une marmitte en fonte avec son couvercle, le tout estimé sept francs.
Une maie en bois de noyer estimée quinze francs
Huit chaises foncées de paille, estimées avec une lanterne de fer blanc, huit assiettes de fayance depareillées, trois assiettes et un plat de terre, la somme de trois francs.
Une couchette à bas pilliers, une paillasse de grosse toile, un petit lit de plumes melées en taye de coutil, un traversin de même, un couverture de laine verte très usée, pente et rideaux de serge verte, ciel en bois, le tout estimé dix huit francs.
Une petite table sur ses pieds non ployant estimée un franc.

Dans le fournil
Un coffre et un mauvais bahut en bois, un baquet en bois, un petit baril, une table de moyenne grandeur avec ses deux bancelles estimées sept francs.
Douze corbeilles à pain, deux panniers à vendange, six tournettes, un fourneau en fonte estimés quatre francs.
Une pelle à four, un rouable en fer, un bouchoir de four en tôle estimé quatre francs.

Dans une autre chambre
à droite en entrant qui est celle qu'occupaient le Sieur et la Dame Legueille

Un petit miroir à toilette dans son cadre de bois doré estimé trois francs.
Une armoire à deux venteaux fermant à clef garnie de tiroirs en dedans estimée quarante huit francs.
Une couchette à bas pilliers, une paillasse de grosse toile, un lit de plume, deux draps dont l'un de brin et l'autre de grosse toile, deux oreillers en taye de toile, une couverture de laine verte, ciel rideaux et pente de serge verte ornés de galons jaunes, le tout estimé soixante douze francs

Le dit Sieur Legueille déclare être dans l'intention de prélever l'armoire et le coucher tel qu'il est dessus écrit comme faisant partie des objets composant le préciput stipulé en faveur du survivant des dame et sieur Legueille aux termes du contrat de mariage mentionné en tête des présentes.
Un buffet surmonté de son dressoir ouvrant à deux vantaux garni de deux grands et deux petits tiroirs estimé trente cinq francs.
Sur ledit dressoir
Trois douzaines d'assiettes, quatre saladiers, cinq plats, une assiette, une petite soupière, une autre soupière, deux gaigneux , une chopine le tout en fayance, un pot de nuit, cinq verres à boire, deux salières, un verre à patte, le tout estimé dix francs.
Quatorze cuillers d'étain, six fourchettes de fer, estimées un franc et cinquante centimes.
Quatre chaises foncées de paille et une table sur pieds non ployants, estimé cinq francs.
Ouverture faire de ladite armoire il s'y est trouvé :
Douze draps moitié de gros et moitié de brin estimés quatre vingt dix francs
Deux nappes de brin estimées avec un essuie-main trois francs
Dix sept chemises de toile à l'usage de la défunte estimées quarante francs
Ouverture faite du buffet, il s'y est trouvé
Trois chemises de toile de brin, taillées estimées six francs
Quatorze jupons de Razi et un tablier de droguet estimé neuf francs
Un déshabillé de soye violette, un autre de toile de coton, un autre de toile à la bouchère, un de perkale noire, un autre déshabillé de coton bleu, une camisole de coton à raye, une de coton blanc, une petite couverture en laine blanche à enfant le tout estimé soixante francs.
Deux tabliers, une robe, une camisole estimés trois francs
Une corbeille en ozier contenant plusieurs bonnets à l'usage de la défunte, une paire de bas de laine noire, quatre mouchoirs d'indienne, deux de mousseline blanche et un mouchoir de couleur , le tout estimé vingt quatre francs.
Une croix avec son cœur en or, une petite paire de boucles d'argent avec chape et aiguillon en fer estimés quinze francs.
Une tasse de vigneron en argent estimée quinze francs.
Il n'est fait ici aucun détail des habits linge et hardes à l'usage dudit Legueille, attendu qu'en sa qualité de survivant il a droit de les prélever en nature, comme dépendant du préciput précédemment énoncé ou les estimer uniquement pour ordre la somme de quarante francs. 
Dans la cave
Trois poinçons futailles, quatre morceaux de bois faisant chantier, une bouteille ou il y a de l'huile à brûler, le tout estimé dix neuf francs.
Dans le grenier
Quatre vingt seize double décalitres, douze sacs de bled froment battu estimé cent quatre vingt francs.
Vingt quatre double décalitres, trois boisseaux de haricots blancs estimés trois francs.
Une hotte en ozier, un tamis à safran, une pelle de bois, un boisseau ancienne mesure le tout estimé trois francs.
Un sac à farine, un petit tas de feraille estimé deux francs.
Un van en ozier, un crible de peau, deux paires de paniers à ânes, un rouet à filer, un pannier à vendange, environ deux boisseaux de pois secs, quatre mauvaises bouteilles de grès, un mauvais bât à âne, une passoire de peau, une petite échelle, le tout estimé seize francs.
Dans un second grenier au dessus du précédent
Cent vingt cinq gerbées de paille de bled estimés vingt francs.
Une racloire montée estimée huit francs.
Dans la cour
Une paire d'échelettes, un fauchet de fer, plusieurs poignées d'ozier, une paire de crochets à âne, une petite jate, une échelle, une chaudière de fonte, le tout estimé sept francs.
Dans un petit grenier au-dessus du fournil
Environ cinquante bottes de paille estimés six francs
Dans la grange
Vingt petites gerbes de paille, un fléau à battre le grain, une fourche de bois, une échelle, un vinau composé de diverses planches, un tas de fourrage de sainfoin et foin, le tout estimé dix francs.
Dans la vacherie
Deux crochets à fumier, une vache sous poil brun, une bête asnié sous poil noir avec le bât et la bride, le tout estimé cent francs.
Sous le hangar
Une herse en bois, une fourche en fer, environ deux cent cinquante bottes de paille et chaume estimé le tout vingt cinq francs
Environ deux cent cinquante bottes de sarment, un petit tas de souche de vigne, estimé quinze francs.
Dans un bâtiment servant de vinée
Une cuve cerclée en bois pouvant tirée treize pièces estimée soixante francs
Un déchargeoir, une selle à tamis, trois poinçons futailles, plusieurs bouts de chantiers et différents morceaux de bois à brûler, deux échelles, huit bottes d'échalats, une scie deux tirés , le tout estimé la somme de vingt francs.
Plusieurs pots de grès à l'usage de la laiterie et une baratte de grès, le batillon en bois, le tout estimé deux francs cinquante centimes.
Dans les champs
Cent quarante huit centiares (neuf perches) d'oignon safran de la seconde sole estimé vingt francs.
Les façons, labours et semences sur :
1° ) quarante six ares vingt centiares, un arpent huit perches de bled estimés soixante deux francs.
2° ) quatre vingt quatre ares trente huit centiares, deux arpents, environ de mars estimés cinquante francs.
3° ) une seule façon de soixante huit ares soixante douze centiares quatre arpents de vignes estimée trente deux francs
4° ) il y a sur les terres des communautés et successions environ huit voitures de fumier estimées seize francs

Total de la prisée des objets mobiliers: Douze cent vingt trois francs

Titres et papiers
Expédition du contrat de mariage des Rock Joseph Legueille et Françoise Barbe Guénin reçu par le notaire soussigné le seize février 1816 enregistré.
Cet acte contient les dispositions suivantes:
Etablissement de communauté entre les futurs époux conformément aux dispositions du code civil.
Exclusion des dettes et hypothèques créées antérieurement au mariage.
Apport partie futur de quatre vingt neuf ares quatre vingt deux centiares (soixante quatorze perches de terre à Gaubertin, Boësses et Echilleuses) en six pièces et de différents objets mobiliers énoncés audit contrat.
L'apport de la future était d'une somme de neuf cent vingt francs sur la quelle, six cent vingt cinq francs seulement sont entrés en communauté, le surplus ayant été exclus ainsi que les immeubles de chacun des époux.
Le préciput en faveur du survivant a été d'un lit garni, d'un meuble vide et des habillements chemises, linges et hardes à son usage.
Les autres dispositions dudit contrat sont invitées d'être rappelées ici
La dite pièce inventoriée unique cotte première.
Propres de la défunte
Expédition pour extrait d'un acte passé devant Renard, notaire à Beaumont les 12 et 13 frimaire an six, enregistré contenant d'abord démission par François Guénin en faveur de ses enfants au nombre des quatre était Romain Guénin père de la dite défunte femme Legueille et ensuite partage entre les autres enfants Guénin non seulement des biens provenant de ladite donation, mais encore de ceux de leur mère, le quatrième lot échu audit Romain Guénin a été composé de vingt sept ares soixante centiares (soixante six perches et demy)
La pièce inventoriée unique cotte deux
L'expédition d'un acte passé devant Devilliers notaire à Puiseaux, le 10 floréal an 13 contenant partage entre le père .............Sieur Legueille, comme exerçant alors la tutelle de la dite Veuve Legueille et les frères et soeurs utérins de celle-ci, des biens de la succession de Marie Jeanne Naudin, mère des partageants, ........lot échu à ladite Dame Legueille a été composé de treize pièces de terre sur les terroirs de Boësses et Echilleuses, formant ensemble soixante cinq ares quarante deux centiares (cent cinquante quatre perches trois quart).
La pièce inventoriée unique cotte trois
L'expédition d'un acte reçu par Chenard, notaire à Boynes le 4 novembre 1806 contenant vente par Noël Bouttet au profit du père de ladite femme Legueille de quinze ares vingt deux centiares (un quartier et demi de terre à Boësses en quatre pièces).
La pièce inventoriée unique cotte quatre
Propre dudit Legueille
Comme celui-ci n'a point en sa possession les titres des biens qui lui sont propres, il déclare que ses héritages se trouvent énoncés dans l'acte reçu par le notaire soussigné dans le courant du mois de septembre 1819.
Conquêts et communauté
Les titres de ces biens ne se sont également pas trouvés, mais ledit Legueille a dit que les conquêts dont il s'agit se composent:
1° ) de dix ares cinquante centiares (vingt cinq perches) à Chauvigny terroir de Boësses acquis du nommé Noël Boutet de Givraines.
2° ) de dix ares cinquante cinq centiares (vingt cinq perches) au chemin de Bois Commun sept ares trois centiares (un demi tiers) au bois de Crâne, dix ares cinquante centiares (douze perches) aux Glazes, le tout terroir de Boësses acquis de l'héritier Vincent de Grangermont.
3° ) Et six ares soixante quinze centiares (seize perches) de jardin aux fossés Leroy, même terroir de la Veuve Saulnier de Boësses.
Déclarations
Le dit Sieur Legueille déclare :
1° ) qu'il n'a aucun denier comptant, qu'il n'est rien dû aux dites communauté et succession, mais qu'il est au contraire réclamé contrelles l'avoir pour restant des frais d'inhumation de la défunte vingt deux francs.
Par Monsieur Descourtilz, fils docteur en médecine à Beaumont pour restant de médicaments et soins donnés à la défunte, quatre vingt francs.
Par Porthault, maréchal, dix francs
Par Monsieur Descourtilz père pour fermage trente deux francs
Par Creuzi tallandier cinq francs
Par Maglin tailleur douze francs
Par Maître Simon, notaire à Boynes, pour restant d'actes dix francs
Par Martin Lours pour labourer sept francs
Par la Veuve Legueille mère, tant pour argent prêté que pour restant de la part dudit Legueille pour la pension alimentaire de sa mère, quarante cinq francs
Par Vabbé, cordonnier à Boësses pour ouvrage de son état deux francs cinquante centimes
Et par le notaire soussigné pour restant d'actes de son ministère deux cent trente sept francs soixante et un centimes.
Total des dettes                                                                                            463,11 francs

Contre les quelles déclarations passives ledit Sieur Tazé audit nom fait toute protestation nécessaire
Et ne s'étant plus rien trouvé à dire ni comprendre au présent inventaire au quel il a été vacqué par double vacation, ledit Legueille père l'a affirmé sincère et véritable et n'avoir rien détourné, vu ni su qu'il ait été rien détourné des biens dépendants des dites communautés et successions pourquoi ledit inventaire demeure clos d'après la loi.
Tous les objets sus inventoriés sont restés en la possession dudit Legueille qui en demeure chargé pour en faire la représentation quand et à qui il appartiendra.
Fait et arrêté les jour, mois an et lieu sus daté en présence des témoins susnommés qui ont signé avec les parties et le notaire après lecture faite

En marge est écrit, enregistré à Puiseaux le 20 avril 1822, folio 101, recto caze 3, reçu quatre francs quarante centimes, dixième compris.
Signé Ravesiez