Numéro 182
Extrait du Journal de
Paris
Dimanche 1er
juillet 1781 de la Lune
le 11
Evènement
Le Jeudy 21 Juin, jour de l’Octave de la fête Dieu, de la Ville de Puiseaux, dans le
Gâtinois Orléanois a essuié un orage qui a été bien funeste à ses habitans.
Entre trois et quatre heures après midy, un gros coup de tonnerre a été suivi
d’une pluie qui a duré près de deux heures et demie, dont les goutes étoient
très larges et très serrées. Cette grosse pluie étant tombée avec la même force
jusqu’à plus d’une lieu aux environs à l’est de la ville, l’eau est accourue de
ce côté là par plusieurs torrens de vingt a vingt cinq toises de large,
augmentant sa hauteur de moment à moment. A sept heures, elle étoit montée
jusqu’à 15 pieds
d’élévation. Le faux bourg Saint Père, composé de plus de cent maisons, s’est
trouvé submergé, ainsi que celui de Gasson et partie de celui de Saint
Mathurin. Quoique les fossés qui entourent la ville soit de vingt pieds de
profondeur, sur cinquante de large et presque secs à l’ordinaire, ils ont été
pleins tout de suite et l’eau passant par dessus les pont, entroit dans la
ville à plein canal par la porte Saint Jacques et celle du Pavé, pour se
répandre dans les rues adjacente et en remplir toutes les caves dont plusieurs
voûtes sont tombées. Plusieurs maisons se sont écroulées les unes en entier,
les autres en partie. Il est impossible de peindre la confusion des premiers
momens causer par les cris qui s’entendoient de plusieurs côtés à la fois.
L’allarme étant généralle et les dangers pressans. (Il y auroit eu uns même # )
des principaux de la ville qui sont montés à cheval pour aller tirer du milieu
des eaux des enfans, des femmes et des malades en nageant dans plusieurs
endroits. Une femme sur le point d’accoucher a été porté au dessus des eaux sur
les mains de plusieurs hommes qui ………… au dessus de la ceinture, et en est
heureusement accouchée quelques heures après. Les habitans de la ville ne
pouvant fournir à donner tous les secours nécessaires, le tocsin a été sonné
pendant plusieurs heures pour attirer ceux des villages voisins qui étant
accourus en grand nombre, ont aidé à faciliter lecoulement des eaux, travail
qu’il a fallu continuer jusqu’au samedy au soir et jusqu’à ce moment, Messieurs
les officiers de la police se sont porté par tout ou il leur a été possible de
le faire avec beaucoup de Zèle pour mettre l’ordre dans les secours et faire
distribuer des vivres, donnés par des personnes charitables.
Les habitans des faux bourg
n’ayant qu’un ré de chaussée et les eaux bourbeuses étant venues avec
précipitation, avant qu’il ayent pu sauver leurs meubles et leurs provisions,
ils ont beaucoup perdu, ceux de la ville ont de plus essuyé de la perte de
leurs vins et autres marchandises déposées dans leurs caves. Plusieurs maisons
qui paroissoit avoir échappé au malheur de la submersion sont à reconstruire à
neuf, leurs murs étant ébranlés les uns par la chûte des voûtes de caves, les
autres par l’écroulement des maisons voisines. Combien la perte de la campagne
est grande puisque les vignes qui se sont trouvées dans le passage des torrens
audessus et audessous de la ville sont déchaussées. Il y en a même de
déracinées, les grains entraînés, ceux à côté des torrens sont couchés enterrés
et couverts de gravois et de pierres.
Nota : Depuis un siècle,
voilà trois inondations que cette ville essuya. La 1ère le 19 juin
1698, dans laquelle plus de cent personnes perdirent la vie. La 2ème
en la même saison 1727 et cette troisième qui auroit été aussi funeste que
celle de 1698, et si comme celle-là, elle fut arrivée pendant la nuit. On li
dans le procès verbal de 1698 que 105 ans avant, la même époque, étoit arrivé
une pareille. C’est toujours pendant le Solstice d’Eté.
René Cauchard
Pensionnaire à Puiseaux